A la découverte de Don Hertzfeldt

Nominé aux Oscars en 2001 pour son film d'animation Rejected, Don Hertzfeldt jouit d'une certaine popularité aux Etats-Unis. Malheureusement, cela reste encore trop peu pour ce petit génie de la réalisation absurdo-dadaïste.

My spoon is too bigMême s'il est dans le classement des 25 réalisateurs à regarder, publié dans le journal Filmaker Magazine, Don Hertzfeldt est à ce jour inconnu du grand public, mais pas du tout des festivals. Il faut dire que ses animations, au trait simplifié, presque enfantin, mélange allègrement non-sens et violence physique. Que ça soit le jeune Billy qui se fait attaquer par son ballon, ou ce monsieur qui a une cuillère trop grande pour son bol de céréales, on ne peut que rester interdit pendant quelques secondes avant d'éclater de rire.

Don réalise son premier film en 1995 pendant ses études de cinéma. Une animation presque saccadée mettant en scène une fable poético-gore sur les relations hommes / femmes (Ah! L'amour). Un an plus tard, pour son film de fin d'études, il s'attaque au cinéma avec Genres, un court-métrage comique utilisant l'interactivité réalisateur / dessin. On le voit changer le destin de son personnage en dessinant ou en modifiant son environnement.

Il faut savoir que Don réalise ses films dans un but cinématographique, dans le sens ou les images sont prises en 35mm, pellicule chère à nos cinéastes. De plus, il refuse toute aide des ordinateurs pour l'animation et le dessin. Et ça se voit. On y sent un véritable travail d'artisan. Le trait ondulant, jamais fixe, toujours en mouvement, qui donne une impression de flottement bienvenue dans cet univers sans véritable logique.

Je suis une pute consumériste. Et comment!En 1997, il s'attaque à Lily and Jim, puis en 1998 à Billy's Ballon. Fable cruelle sur le thème de ballons qui se rebellent contre leur condition. Même si la violence est là, l'air détaché des personnages donne un aspect décalé à l'ensemble. Puis en 2000, il signe Rejected. Un court-métrage qui fera le tour du monde et des festivals. Primé au New-York Underground Film Festival, nominé aux Oscars, il atteint le statut de film culte. 9 minutes de séquences qu'il avait réalisé pour une chaîne de télévision familiale et pour une société agro-alimentaire. Tout fut refusé. Et il faut voir pourquoi. Entre les arrachages d'estomac et les petits nuages qui saignent de l'anus, la ligne éditoriale avait du être dépassé.

C'est en 2003, avec Mike Judge, le célèbre créateur de Beavis & Butt-head, qu'il crée The Animation Show : un festival itinérant qui présente des films d'animation du monde entier. Grand succès. En 2005, ils ont recommencé, et c'est bien parti pour 2007.

Alors que son premier DVD vient de sortir, il est bon de rappeler qu'il est encore dans une petite structure, idéale à sa liberté de ton si absurde. Liberté qu'il veut absolument garder, en refusant des contrats sur certaines grandes chaînes. Le dessin animé à un nouveau messie, et il se nomme Don Hertzfeldt.

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