Série TV - Une vision particulièrement retorse de la politique avec House of Cards
Rubrique détente, on va se permettre une brève incartade aux jeux vidéo pour prendre le temps de découvrir une série TV acide, sur un politicien prêt à tout pour gravir les échelons.
Particulièrement soignée et travaillée, House of Cards fait figure de série d'exception. Avec un Kevin Spacey des grands jours, nous plongeons dans une quête du pouvoir pragmatique et surtout sans pitié, quitte à se salir les mains. Je laisse la parole à Selty, membre du Cercle Taberna et adepte notamment des séries TV qui va nous partager son avis sur House of Cards.
House of Cards c'est l'adaptation US de la série éponyme de la BBC datant de 1990. On y suit Frank Underwood (Kevin Spacey), un politicien jouant dans les hautes sphères du pouvoir : Il est en effet au début de la première saison le "whip" (fouet) de la Chambre des représentants pour la majorité démocrate, dont le rôle est de veiller à ce que les élus du camp votent bien suivant la consigne du parti. Surintelligent et manipulateur, il va tout faire pour se hisser au plus haut en se vengeant de ceux l'ayant trahi - même si cela implique de se venger du Président des États-Unis lui-même.
La série est un ovni dans le monde maintenant très formaté de la production télévisée. À l'origine de celle-ci le réalisateur David Fincher, intéressé par le remake en lui-même mais surtout par la création d'une série télé, forme permettant pour lui un meilleur développement de personnages qu'au cinéma. Netflix, le site US de streaming vidéo et d'envoi de DVD, remporte l'enchère face aux géants de la télévision premium (HBO, AMC et Showtime) en proposant plus d'argent, mais surtout la commande immédiate de deux saisons sans passer par la case "pilot" avant. Netflix, souhaitant se positionner sur le marché de la série de qualité, donne champ libre aux producteurs : Avec les chiffres de fréquentation et d'utilisation qu'ils ont récolté sur leurs usagers ils savent que la série comme elle leur a été pitchée devrait marcher, et n'imposent donc aucune condition à la production et aux scénaristes. Et, pour en rajouter une couche, ils décident de changer complètement le mode de diffusion. Pour HoC comme pour toutes leurs prochaines séries (et les précédentes, il avaient déjà tenté le coup avec Lillyhammer quelques mois avant), tous les épisodes d'une même saison seront accessibles sur leur site web au-même moment.
Et tout ça fonctionne. David Fincher (qui réalise aussi les deux premiers épisodes) amène une image élégante et léchée, le scénario se permet des nuances que seuls HBO arrivaient à produire jusque là, la diffusion intégrale permet et encourage le binge-watching, l'argent coulant à flot amène des acteurs tout bonnement excellents - en premier lieu Kevin Spacey bien sûr, mais aussi Robin Wright qui y joue sa femme toute en nuances. Et la série se permet une excentricité héritée de la série originale qui fonctionne à merveille, celle de briser le quatrième mur : Underwood nous regarde et nous parle, à nous public, pour se moquer de ses adversaires ou nous expliquer ses manigances.
La première saison était pour moi la série de 2013. Je l'avais dévorée (les 13 épisodes de 50 minutes m'avaient tenu un peu moins de deux jours) et en avait vanté les mérites un peu partout, dans mon entourage IRL comme surtout sur JoL. J'attendais donc logiquement très fortement cette seconde saison, et me suis jeté dessus dès sa sortie le 13 février. Et, comme l'année dernière, la saison n'aura pas tenu un week-end.
La recette est la même que pour la première saison : Un Frank toujours un pas devant ses adversaires et prêt à vendre père et mère pour avancer, et que l'on se retrouve à soutenir malgré tout. Le scénario est un peu plus faible que la saison précédente, avec des petites facilités scénaristiques par endroits, mais qui sont élégamment masquées par le format binge-watching - on oublie vite le détail qui pourrait fâcher quand on lance de suite l'épisode d'après et que tout est fait pour nous tenir en haleine. Tout le reste est au niveau de l'année dernière, que cela soit sur le jeu d'acteur comme sur la photographie, un quasi sans-faute.
En soit, cette saison 2 avait tout pour être encore une fois la série de l'année... Mais pas de bol, HBO a contre-attaqué en même temps avec le spectaculaire True Detective qui devrait razzier tous les prix cette année. Mais ça n'enlève rien à la prestation de Netflix qui a signé dès son entrée dans le monde de la série télé ce qui restera très sûrement une des références du genre, et qui réussit encore une fois à nous tenir impatient devant notre écran d'ordi à attendre la prochaine saison...
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