Gojira - From Mars to Sirius

Gojira, un ovni français des plus étranges, tout droit issu de la planète metal, nous propose de partager leur dernier voyage intersidéral. On aurait tort de s'en priver !

Pour tous ceux qui ne connaissent pas encore Gojira, rappelons que ce groupe finalement assez récent a réussi le tour de force de s'imposer sur la scène metal en l'espace de seulement 2 albums. Leur style ? Unique ! Il se compose d'un metal brutal, cataclysmique et assourdissant, allié à des mélodies imparables, une interprétation sans faille et une réflexion artistique, voire philosophique des plus poussées. La contradiction est totale, mais la synthèse réalisée par le groupe réussie, et forge le succès du quartet. Seulement, précisons que le barrage du style (chant death; blast-beats) écrémera les plus récalcitrants au genre. Dommage (pour eux).



Quid de ce dernier opus ? La pochette, tout d'abord, plus travaillée encore que les précédentes nous dévoile la représentation fantasque d'une baleine nageant dans l'espace, symbolisé par deux planètes. Les toutes premières secondes de l'album mettent directement dans le bain : après un vague écho marin, la déferlante de cordes métalliques et de grosse caisse nous avale et nous projette dans l'océan de l'univers ou bien le cosmos des fonds marins, on ne sait plus trop.

Passé le premier choc sonore, il est possible de s'immerger un peu plus dans l'oeuvre elle-même. Le batteur, inégalable, produit une rythmique impressionnante à la grosse caisse, se mariant à la basse pour former la base assez ronde du son. Le rôle des riffs de guitare, des cymbales et de la voix du chanteur, complètement saturée, consiste alors à venir déchirer cet ouate de douceur et à assener le message de l'album.



En effet, comme à leur habitude, les musiciens nous délivrent un album porteur d'un sens profond. La thématique de cet album concerne le rapport de l'Homme à la Nature, et plus spécialement des problèmes environnementaux contemporains. La forme poétique des paroles n'enlève en rien la maturité avec laquelle le groupe s'implique dans le débat écologique ici.



Pendant ce temps, le rythme des morceaux s'enchaîne, et l'on ne peut pas se résigner à l'interrompre. Tandis que la brutalité du son indispose légèrement nos oreilles, quelques oasis de fraîcheur sont disposées de ci de là, au travers d'une instrumentation éthérée (« Unicorn ») ou encore lors d'une introduction (« Flying Whales », par exemple). Cette recherche du contraste trouve son paroxysme dans les deux chansons formant le titre de l'album : « From Mars » et « To Sirius ». Le premier titre est une introduction au second, dont la douceur sert à nous dégager de la pesanteur terrestre. Mais bien vite, la toute puissance de Gojira se dévoile : des riffs puissants, des rythmiques syncopées et un chant époustouflant propulsent l'auditeur sur l'étoile Sirius, comme le promettait le titre. Ce duo de chansons résume tout du groupe : de la violence, de la brutalité, mais aussi de la grâce et pas la moindre once de haine.





Que reste-t-il de cet album une fois que la platine s'arrête et que nous nous échouons sur nos plages urbaines ? Une sensation totale d'épuisement, de vide. Car si l'énergie mise par le groupe dans cet album est impressionnante, elle est aussi communicative et vampirise la notre dans le même temps. Puis vient l'envie de silence, pour atténuer le bourdonnement consécutif à cette écoute, ainsi que pour apprécier pleinement le souvenir de l'écho d'une baleine, voguant parmi les étoiles. Car telle est la leçon : les baleines savent voler ! Et gracieusement, majestueusement même !

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