Pirates Des Caraïbes 2 : Le Secret Du Coffre Maudit de Gore Verbinski
Avec Johnny Depp, Keira Knightley, Orlando Bloom... (2006).
La suite très attendue du remarquable blockbuster tiré du parc d'attraction Disney. Flamboyant feu d'artifice ou pétard mouillé ?
Fort d'un premier épisode certes naïf mais hautement divertissant, Disney réutilise sa franchise Pirates des Caraïbes et nous fournit un deuxième épisode, dans le but d'en faire une trilogie épique, concept tellement à la mode à Hollywood en ce moment.
Sans aucun retour en arrière, on retrouve évidemment Jack Sparrow (Johnny Depp), Will Turner (Orlando Bloom) et Elizabeth Swann (Keira Knightley), cette fois aux prises avec d'une part un machiavélique militaire anglais, aux motivations obscures, et d'autre part Davy Jones, le lovecraftien capitaine du célèbre Hollandais Volant, avec lequel Sparrow a autrefois conclu un pacte. S'ensuivent des courses poursuites, des batailles diverses, des monstres visqueux, le cahier des charges est clair : de l'action, encore de l'action, toujours de l'action.
C'est évidemment là que le bât blesse. On n'attendait sûrement pas un film d'une grande profondeur, mais à ce point... On aimerait, dans ce résumé, souffler au lecteur quelques unes des péripéties du scénario, lui livrer les enjeux, malheureusement il n'y en a presque pas. Tristement, Pirates des Caraïbes 2 retrouve sa condition d'attraction de parc Disney : du spectaculaire à tout prix, du tape à l'oeil, de la démesure, mais aucune histoire à raconter. On se retrouve à la fin du film quasiment au point de départ, aucun personnage n'a évolué, aucun protagoniste n'a disparu ou n'est apparu. On a le sentiment que le film (déjà trop long) pourrait se dérouler pendant encore plusieurs bobines sans que les enjeux narratifs ne soient bousculés. On guette un dénouement, un climax, on nous offre un rebondissement minime (puisqu'il ne concerne plus vraiment l'histoire que nous venons de voir), bref, le scénario est d'une faiblesse sans nom.
Cependant, le principal intérêt du premier épisode consistait à regarder Johnny Depp cabotiner admirablement. Il en est de même dans ce deuxième volet. Depp est déchaîné, complètement à l'aise dans son costume de Jack Sparrow, et, s'il est vrai qu'il est parfois excessif, sa performance équilibriste et cannibale (tous les acteurs autour sont transparents) fait tout passer, il s'agit probablement de l'un de ses tout meilleurs rôles (ce qui n'est pas peu dire). Les autres personnages assurent évidemment un minimum de contrepoids, mais, peu servis par une histoire aussi mince, ils ne font que correspondre à des stéréotypes. Le personnage d'Orlando Bloom, par exemple, dans le premier volet, surprenait de temps à autres par une réplique, une attitude, un clin d'oeil. Rien de ça ici, il est un preux chevalier servant aussi creux que linéaire.
Après, il faut remplir. Gore Verbinski, le réalisateur, ne rechigne pas devant les citations : ainsi, on trouve pèle-mêle dans le film des clins d'oeil au Seigneur des Anneaux (la tour du début, les marins de Davy Jones qui rappellent les orcs), à Indiana Jones (l'inutile séquence avec les Indiens), à Star Wars (la bouche du kraken ressemble en diable à celle du Sarlaac dans Le Retour du Jedi), voire même des emprunts au jeu vidéo Prince of Persia. On pourrait être amusé, si ce n'était que cette mise en scène érudite s'accompagne de séquences intégrées de façon complètement artificielles à l'action : ainsi, la scène dite « de la roue » n'apporte absolument rien, et semble délibérément placée là pour faire office de « scène culte ». De même, la très longue partie avec les Indiens, où Johnny Depp se transforme en brochette à la grecque, pendant que ses hommes se changent en boule de bowling géante dans la jungle, sur fond de musique à la Koh-Lanta, bien sûr, n'apporte rien du tout à l'histoire. On sait que le film est produit par Jerry Bruckheimer, on a donc notre quota d'explosions, de bagarres et de plans aériens en tous genres. Reste un savoir faire indéniable, un sens du montage plus qu'efficace (notamment dans les scènes d'action), une utilisation judicieuse des effets spéciaux, utiles pour sauver un film quand, comme ici, le matériau narratif est archi-mince.
On reste donc évidemment déçu, tant on avait été surpris par le premier épisode (dont on n'attendait à vrai dire pas grand-chose). La fresque épique et débridée a cédé la place à une débauche de spectaculaire. Evidemment, on peut se rappeler que le deuxième épisode est le plus délicat dans une trilogie (on ne peut a priori ni ouvrir une intrigue ni la refermer), mais, en attendant un troisième épisode qui nous permettra peut-être de tout remettre en perspective, Pirates des Caraïbes - Le Secret Du Coffre Maudit nous restera comme un film vain, une déception certaine.
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