Les Lions d'Al-Rassan - Guy Gavriel Kay

Lassée des séries en 18 tomes, j'en viens à chercher de bons romans fantastiques qui ont un début et une fin tout simplement. Les Lions d'Al-Rassan racontent la rivalité mais aussi et surtout la passion de deux hommes que tout oppose. Ce bouquin est d'une rare saveur, parce qu'il est bien écrit, et parce qu'il vous scotche à votre fauteuil pour quelques heures, sans espoir d'en réchapper.

Je lis beaucoup, tellement qu'il m'arrive de lire un peu tout et n'importe quoi (y compris des choses complètement inavouables ici). J'ai eu la chance d'avoir une bibliothèque fantastique très bien remplie et sans cesse renouvelée au domicile parental. Un jour, n'ayant plus rien à me mettre sous la dent, ce qui est quand même la pire des tortures vous l'avouerez, mon père m'a suggéré une trilogie de Guy Gavriel Kay : la Tapisserie de Fionovar. J'ai essayé, et. j'ai détesté. J'ai donc classé cet auteur au rang de ceux qui me font balancer le livre avant la 100ème page. Quelle erreur !

Couverture du livre Nous voici quelques années plus tard, et toujours désemparée un jour sans lecture, j'ai commencé les Lions d'Al-Rassan. Et là, on découvre d'abord 3 personnages fabuleux : Ammar Ibn Khairan l'assassin poète, raffiné, subtil, parfois cruel et toujours dans le paradoxe ; Rodrigo Belmonte, le paladin, mais à l'espagnole, déchiré entre ses convictions, son honneur et sa désapprobation du pouvoir en place. Dès le début, on sent que la rencontre inévitable, sera grandiose. Au milieu de tout ça, une jeune femme médecin, nommée Jehane, forcée par le destin à faire un choix douloureux. Dès que vous avez entr'ouvert la porte de ce monde à la fois si proche du notre et de son histoire et si éloigné par cette présence folle des personnages, vous ne pourrez plus en détacher le regard. Tout le talent de Guy Gavriel Kay consiste en deux points : ce côté presque historique où le mystique prend le pas sur le magique, où l'on reconnaît notre civilisation et ses grands conflits mais aussi ses personnages très travaillés, humains, attachants et complexes comme dans la vraie vie quoi !

La rencontre a lieu alors que Rodrigo est contraint à l'exil, il va tisser un lien très fort avec Ammar. Au service du même monarque, ils savent pourtant sans jamais le dire que leur rencontre tournera au conflit à un moment ou à un autre. La jeune femme, médecin qui sera le témoin de leur histoire, en subira aussi les conséquences. On reconnaît vite dans les différentes religions et la guerre sainte qui se dessine le début de la Reconquista lorsque les chrétiens débutent leur croisade pour chasser l'infidèle musulman de l'Espagne à la fin du XIème siècle. On retrouve aussi en Jehane la représentation du peuple juif à cette époque. Tout se ressemble et pourtant, on est transporté dans un monde imaginaire parallèle.

Ce roman est vraiment incontournable. Je l'ai déjà lu 3 fois et je découvre un nouveau détail enrichissant à chaque lecture. Guy Gavriel Kay a écrit nombre de merveilles (à part, d'après moi, vous vous en doutez la Tapisserie de Fionovar) : la Chanson d'Arbonne, la Mosaïque de Sarance, tous méritent d'être lus. Mais les Lions d'Al-Rassan imposent une dimension humaine vraiment bien rendue. Un dernier petit secret : ce n'est pas mon préféré, je trouve « Tigane » encore meilleur mais la gent masculine de mon entourage plébiscite toujours celui là. Alors pas d'hésitation si vous n'avez rien à lire, il existe en livre de poche donc pas cher. Le seul souci c'est qu'en général, il ne fait pas long feu !

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